Utilisation de l’Accord-cadre pour intervenir en matière de changement climatique
À propos de ce chapitre
À la suite de la présentation et de la discussion sur le thème du changement climatique lors de la session de planification stratégique du CCT-CR tenue à Gatineau, au Québec, en juin 2019, il a été recommandé qu’un document de travail soit présenté au Conseil consultatif des terres (CCT) en tant que document de synthèse sur les impacts du changement climatique, dans le contexte national et international, incluant des recommandations de mesures à prendre par le CCT.
Le présent document est un outil afin de mieux saisir la portée, l’ampleur et la gravité de la crise climatique, pour mieux comprendre la science des changements climatiques, les efforts internationaux visant à répondre à la crise climatique, et de quelle manière le Canada s’intègre dans ce portrait global et de quelle manière les Premières Nations peuvent et sont déjà en train de montrer la voie à suivre dans le contexte de l’Accord-cadre. Ce chapitre utilise les termes « urgence climatique », « crise climatique », « changements climatiques », « réchauffement climatique » et « réchauffement de la planète » de manière interchangeable.
Le résumé trace les grandes lignes du rapport. La section 1 présente de l’information de base essentielle concernant la science du climat. La section 2 présente quelques hypothèses de base et les défis de communication concernant le sujet des changements climatiques.
La section 3 décrit les efforts internationaux pour répondre aux changements climatiques et présente les entités mondiales, les processus et les réponses proposées à la crise climatique, ainsi qu’une brève description de la participation et des engagements du Canada. La section 4 explore le chevauchement de l’urgence climatique avec les enjeux autochtones au Canada et dans le monde.
La section 5 de ce chapitre met l’accent sur les options et les exemples permettant d’utiliser l’Accord-cadre pour répondre au enjeux et aux défis du changement climatique par le biais de lois, de la planification et d’autres projets. Des ressources d’apprentissage supplémentaires sont présentées à la section 7. Un glossaire des termes clés, des définitions et des concepts de base est joint à la section 8. La présentation offerte au personnel du CCT et du CR à Gatineau est jointe à la section 9.
Résumé
Le changement climatique représente une menace existentielle pour l’humanité. Depuis la révolution industrielle, les actions des pays riches ont provoqué le réchauffement climatique et ont mis l’humanité sur la voie d’une catastrophe climatique. À mesure que les pays en développement s’engagent sur une voie de développement énergétique à base de combustibles fossiles, le risque pour notre climat augmente.
Malgré la tenue de négociations internationales au cours des 30 dernières années, le changement climatique doit encore s’imposer dans la plupart des endroits en tant que problème politique déterminant. Les communications sur les changements climatiques et la sensibilisation aux types de mesures requises pour y faire face se sont révélées très difficiles. Alors que la crise devient plus urgente, de nouveaux mécanismes de sensibilisation à tous les niveaux sont nécessaires.
Les peuples autochtones du Canada et du monde entier, qui vivent déjà dans une relation étroite et interdépendante avec la nature, sont susceptibles de ressentir les effets du changement climatique plus intensivement, tout en ayant moins facilement accès à l’information et la technologie, aux finances et à d’autres ressources afin de faire face à ce défi ou de s’adapter à cette nouvelle réalité. Les risques et les vulnérabilités sont décuplés pour les femmes et les filles autochtones. Cependant, la résilience des peuples autochtones après 500 ans de colonisation se poursuivra. La résilience climatique et la résurgence autochtone sont des sources de motivation interdépendantes en réponse à la crise climatique.
Le gouvernement fédéral a pris des engagements au nom de tous les Canadiens aux niveaux national et international, à la fois pour prévenir les changements climatiques catastrophiques et pour défendre les droits des peuples autochtones. Ces deux actions sont réciproques; les modes de vie autochtones, les modes d’utilisation des ressources, les droits collectifs, l’éthique de l’intendance et les systèmes de gouvernance autochtones sont interdépendants avec la nature et les services écosystémiques essentiels qu’elle fournit (c’est-à-dire la régulation du climat). Ces vastes paysages culturels vivants sont menacés.
Le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et les administrations locales ont toujours échoué dans leurs efforts pour relever ce défi colossal et respecter leurs engagements liés au climat. Les communautés des Premières Nations ont peu contribué aux causes des changements climatiques. Bien qu’elles aient déjà surmonté les effets cumulatifs de la colonisation, du génocide et de rapides changements environnementaux, et malgré les obstacles systémiques au développement communautaire, les Premières Nations tracent la voie pour un avenir résilient face aux enjeux climatiques. Elles le font en s’appuyant sur la gouvernance, les lois, les stratégies de conservation autochtone et d’autres voies innovantes en matière de développement durable.
L’Accord-cadre relatif à la gestion des terres des Premières Nations (ACGTPN) est un outil de gouvernance efficace et efficient pour les communautés autochtones du Canada et deviendra essentiel dans la lutte contre les changements climatiques. Sans pouvoirs de gouvernance et de contrôle sur la gestion des terres et des ressources, les communautés ne seront pas en mesure de répondre efficacement aux défis liés au climat.
Les communautés signataires utilisent leurs codes fonciers pour renforcer leurs capacités de gouvernance, établir des règles en matière de développement durable et s’engager dans des initiatives de planification et de gouvernance collaborative. Elles peuvent ainsi mettre en place des processus de planification communautaire, d’utilisation des terres et de protection de l’environnement axés sur leurs besoins et fondés sur la façon d’être et de faire et le savoir autochtones.
L’élargissement proposé de l’application de l’ACGTPN aux zones situées hors réserve, comme les terres visées par un titre ancestral, pourrait renforcer la réponse du Canada aux changements climatiques. La recherche montre que les efforts de conservation dirigés par les autochtones sont plus efficaces en termes de coûts et de résultats. Un élargissement de la reconnaissance des pouvoirs de gouvernance autochtone marquera la volonté du Canada de poursuivre ses engagements à mettre pleinement en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) et de mieux positionner les communautés pour affirmer leurs intérêts collectifs, protéger leurs terres et leurs ressources, et reprendre leur pouvoir de gouvernance sur leurs territoires.
La résurgence autochtone continuera de croître et les initiatives d’autonomie gouvernementale sectorielle comme l’ACGTPN continueront de jouer un rôle important. La résilience climatique deviendra, par choix ou par conséquence, une préoccupation centrale dans la gouvernance des communautés autochtones.
Section 1 – Contexte technique : Les bases de la science du climat
« Il est scientifiquement inconcevable que l’homme–après avoir transformé les forêts en villes, chargé l’atmosphère de poussières et de suie, converti des millions d’hectares de désert en terres agricoles irriguées et émis des gaz à effet de serre dans l’atmosphère–n’ait pas altéré le cours naturel du système climatique. »
-American Geophysical Union, 2003
Il est important de comprendre la science du changement climatique. Alors que les conditions météorologiques font référence aux conditions extérieures au jour le jour, le climat fait référence aux tendances des modèles météorologiques sur de longues périodes de temps et à l’échelle régionale, nationale et mondiale. Les peuples autochtones s’adaptent aux changements climatiques de la Terre depuis des milliers d’années.
Le changement climatique est un phénomène naturel qui s’échelonne généralement sur des milliers d’années. Les quatre principales influences du changement du climat de la Terre sont (1) les changements dans l’orbite de la Terre autour du Soleil, (2) les variations de la production d’énergie du Soleil, (3) les fluctuations de la remontée des eaux océaniques froides profondes et (4) ) les changements dans la composition atmosphérique. Le dioxyde de carbone est l’un des principaux gaz à effet de serre qui emprisonne la chaleur solaire dans l’atmosphère, bien qu’il en existe d’autres comme le méthane.
L’effet de serre (voir la figure 1) est une fonction de l’atmosphère terrestre, les gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone retenant la chaleur du Soleil sur Terre. Historiquement, cela a rendu la planète habitable pour la vie. Les facteurs naturels qui contribuent à la composition atmosphérique et à la concentration des gaz à effet de serre comprennent les activités volcaniques et les incendies de forêt. Cependant, au cours des 200 dernières années, l’activité humaine (voir la figure 2) a entraîné une augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, provoquant une intensification de l’effet de serre, ce qui se traduit par un réchauffement climatique accéléré. On estime que la température moyenne mondiale (TMM) a déjà augmenté d’environ 0,87 ° C au-dessus des niveaux préindustriels (GIEC, 2019).
Pour plus d’information, veuillez consulter l’annexe C.
Les relevés scientifiques de la température ont commencé uniquement à la fin du XIXe siècle; par conséquent, les climatologues possèdent un tout petit aperçu du climat de la Terre. Cependant, des échantillons de carottes de glace arctiques, d’anneaux d’arbres et de sédiments des fonds marins ont permis aux climatologues de mieux comprendre la corrélation entre les gaz à effet de serre atmosphériques, comme le dioxyde de carbone, et les températures mondiales.
La température globale est exprimée en température moyenne ou température moyenne mondiale (TMM). Les tendances historiques montrent que lq TMM augmente et diminue lorsque la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère augmente ou diminue. La figure 3 montre la corrélation entre la température mondiale et les concentrations mondiales de dioxyde de carbone atmosphérique au cours des 800 000 dernières années. Notez que la concentration actuelle de dioxyde de carbone dans l’atmosphère (maintenant plus de 400 ppm) n’a jamais été aussi élevée au cours de cette période.
Dix-huit des dix-neuf années les plus chaudes se sont toutes produites depuis 2001, 2016 se classant comme la plus chaude jamais enregistrée. Le réchauffement au Canada se produit à deux fois le rythme mondial. Le changement climatique associé à ce réchauffement a de graves conséquences pour les communautés autochtones du monde entier.
Les climatologues utilisent des modèles climatiques pour prédire le climat futur. Les modèles climatiques sont extrêmement complexes et sont établis à l’aide de superordinateurs. Ils sont basés sur les lois physiques de la thermodynamique qui régissent la façon dont l’énergie et la matière interagissent l’une avec l’autre, le tout combiné à des équations mathématiques pour caractériser ces interactions dans l’océan, l’atmosphère et la terre.
Les modèles climatiques sont d’abord « reconstitués » pour assurer leurs performances. Cela fait réfèrence au processus d’exécution du modèle actuel dans le passé pour voir avec quelle précision les résultats du modèle correspondent aux changements climatiques observés et notés dans les relevés de température, les échantillons de carottes de glace, etc. Cela permet aux scientifiques de vérifier l’exactitude de leurs équations et de les réviser si nécessaire.
Différents scénarios climatiques sont exécutés dans le cadre d’un modèle. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a élaboré un ensemble de scénarios mondiaux appelés profils représentatifs d’évolution de concentration (PERC), qui décrivent différents résultats potentiels de la croissance de la population humaine, des changements d’utilisation des terres, des conditions économiques et des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre (NOAA, 2019). Les modèles climatiques analysent les données associées à chaque PERC pour produire une gamme de probabilités liées au climat, comme l’augmentation de la température, les changements de précipitations, etc. La figure 4 montre une élévation de la température mondiale prévue entre 1,5 et 6 degrés d’ici 2100 sur la base des scénarios d’émission du GIEC.
Section 2 – Reconnaître l’urgence climatique
« Un enjeu définira les contours de ce siècle de manière plus spectaculaire que tout autre, et c’est la menace urgente liée au changement climatique. »
-Barrack Obama
La crise climatique est la crise déterminante de notre génération. Elle est déjà en marche, et ça empire. Nous ne devons pas nous détourner de la science du climat, et nous devons être réalistes quant à notre direction et aux démarches à entreprendre pour éviter une catastrophe. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, les gouvernements mondiaux sont parvenus à un consensus sur la menace du changement climatique et ont établi un cadre pour limiter l’impact de l’humanité sur le système climatique (voir la section 3 pour plus d’information). Malgré 30 ans de négociations, la crise climatique n’a fait que s’aggraver, et le changement climatique n’est pas encore devenu un enjeu politique déterminant.
Les gouvernements, les villes et les organisations du monde entier, y compris le gouvernement du Canada, l’Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC), l’Assemblée des Premières Nations (APN) et plusieurs gouvernements locaux, ont récemment déclaré des urgences climatiques. Bien que l’effet de ces déclarations ne soit pas clair, c’est une indication indubitable de la compréhension croissante de la gravité des impacts et de la reconnaissance de la nécessité de lutter de manière ambitieuse contre le changement climatique. Cette section présente certains messages clés concernant le changement climatique :
La gravité du changement climatique
Le réchauffement climatique de 1,5° à 2° C ne semble pas à un changement très important. Cependant, les tendances actuelles des émissions devraient entraîner un réchauffement climatique de 4° C ou plus (PNUE 2018), déclenchant probablement des points de basculement et des boucles de rétroaction positive. Le changement climatique aggravera les conditions préexistantes et les pressions sur les ressources naturelles et la faune. Les écosystèmes changeront, la perte d’habitat augmentera, la production d’oxygène et de nourriture et la disponibilité de l’eau diminueront et des populations entières seront déplacées à mesure que les villes et les régions deviendront invivables ou inondées par l’élévation du niveau de la mer.
Seule une action collective empêchera un changement climatique catastrophique
Le tri des déchets, la diminution de la consommation de plastique et la réduction des déplacements, tout en étant bien pour l’environnement, ne sont pas des réponses suffisantes. Alors que les comportements individuels doivent changer pour freiner la demande d’énergie à base de combustibles fossiles, le changement climatique représente une défaillance systémique. Une centaine d’entreprises de combustibles fossiles sont responsables de plus de 50% des émissions mondiales de carbone depuis la révolution industrielle (CDP, 2017). Plus que jamais, une solution politique est nécessaire pour réguler pratiquement tous les secteurs de l’économie.
La vitesse du réchauffement
Les émissions anthropiques (d’origine humaine) font augmenter le réchauffement climatique à un rythme alarmant et accéléré. Le changement climatique n’est plus à des décennies ou des siècles de nous, mais il se produit maintenant.
Nous subissons déjà les effets du changement climatique et sommes victimes d’une certaine quantité de réchauffement climatique inévitable. Les points de basculement et les boucles de rétroaction positive dans le système climatique de la Terre signifient que nous pourrions être enfermés dans un réchauffement climatique catastrophique si nous n’agissons pas immédiatement.
L’ampleur du réchauffement dépendra de notre réponse mondiale. La science du climat nous dit que nous devons agir immédiatement et de manière significative pour éviter un changement climatique catastrophique. Par exemple, pour empêcher le réchauffement climatique au-delà de 1,5 à 2° C, les émissions mondiales doivent culminer d’ici 2020 et tomber à zéro d’ici 2050.
Portée des impacts
Il est impossible de compartimenter les impacts d’un climat en changement en un seul type d’événement, par ex., l’élévation du niveau de la mer ou les inondations. Presque tous les aspects de notre vie sont liés au climat de la Terre et et on désormais une incidence sur celui-ci.
Les effets du changement climatique exacerberont probablement les problèmes environnementaux (perte d’habitat, espèces en péril, etc.) préexistants et sociaux (migration, pauvreté, santé, égalité entre les sexes). Des événements météorologiques extrêmes se produiront plus fréquemment et de façon moins prévisible.
Les impacts sur l’humanité seront globaux et se feront sentir à tous les niveaux. De ce fait, notre réponse collective et mondiale doit être tout aussi globale (c.-à-d., de fortes réductions des émissions dans tous les secteurs, le développement de nouvelles technologies, des changements de comportement et des investissements accrus dans des options à faible émission de carbone).
Comprendre le climatoscepticisme et y répondre
La science fondamentale du changement climatique et du réchauffement climatique est bien établie depuis plus de cent ans. Il existe des moteurs sociaux et psychologiques du déni des sciences du climat, et il existe des techniques et des erreurs courantes que les négationnistes du climat utilisent pour fausser la science du climat. Il est essentiel de comprendre cela et les bases de la science du climat afin de lutter de manière proactive contre le climatoscepticisme lorsqu’il porte préjudice à notre organisation et aux communautés que nous soutenons (voir l’annexe B pour des ressources supplémentaires sur le climatosceptisme).
Section 3 – Le contexte international et canadien des changements climatiques
« Les peuples autochtones ont le droit de participer à la prise de décisions sur des questions qui peuvent concerner leurs droits. »
-Article 18, Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA)
Le Canada participe à un effort mondial massif, quoique lent, de lutte contre les changements climatiques, appelé la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Le principal objectif de la CCNUCC est « d’éviter les interférences humaines dangereuses dans le système climatique » (CCNUCC, 2019). Cette convention a été élaborée en 1992 lors du Sommet de la Terre au Brésil, conjointement avec deux autres conventions internationales importantes concernant la désertification et la diversité biologique. Les trois conventions sont étroitement liées et fonctionnent ensemble. En participant à ces discussions, le Canada convient de prendre des engagements liés au climat et au développement au niveau national qui visent à s’aligner sur les buts et les objectifs établis au niveau international.
Les actions du Canada font l’objet d’un rapport annuel et sont évaluées en fonction de normes et d’objectifs importants; ces engagements sont portés à la connaissance des différentes entités des Nations Unies (ONU) qui mettent en œuvre les conventions..
Cette section explore la CCNUCC plus en profondeur. Notez que les communautés autochtones n’ont pas été représentées de manière adéquate lors de ces discussions, et que très souvent elles ne possèdent pas suffisamment de pouvoir décisionnel reconnu concernant la mise en œuvre des diverses mesures aux niveaux national et des différents pays malgré les progrès réalisés avec la DNUDPA, les tentatives délibérées d’inclusion par de nombreuses organisations autochtones et d’autres organisations non gouvernementales et les succès manifestes des communautés autochtones en matière de résilience au changement climatique.
Conventions des Nations Unies
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
- Entrée en vigueur en 1994
- Adhésion quasi universelle
- Le Canada est signataire
- Objectif : Empêcher l’interférence dangereuse de l’humanité avec les systèmes climatiques de la Terre
Convention des Nations Unies sur la diversité biologioque (CNUDB)
- Entrée en vigueur en 1993
- Adhésion quasi universelle
- Le Canada est signataire
- Objectif : Promouvoir la conservation de la diversité biologique, promouvoir l’utilisation durable des éléments de la diversité biologique et promouvoir le partage juste et équitable des avantages découlant des ressources génétiques..
Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULD)
- Entrée en vigueur en 1996
- Adhésion quasi universelle
- Le Canada est signataire
- Objectif : Lutter contre la désertification et atténuer les effets de la sécheresse grâce à des programmes d’action nationaux..
Déclaration des nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA)
- Adoptée en 2007
- Formellement adoptée par le Canada
- Normes minimales pour la survie, la dignité et le bien-être des peuples autochtones..
Selon la CCNUCC, les pays industrialisés développés (connus sous le nom de pays de l’annexe 1), y compris le Canada, ont le fardeau éthique de lutter contre le changement climatique et de soutenir, à la fois financièrement et technologiquement, les pays en développementafin qu’ils puissent faire de même. Il est reconnu que les pays riches « sont à l’origine de la plupart des émissions de gaz à effet de serre passées et présentes » (CCNUCC, 2019), bien que des pays en développement comme le Brésil, l’Inde et la Chine contribuent à des émissions importantes. L’ONU reconnaît également que le développement économique est vital pour les pays les plus pauvres du monde, que le changement climatique est la plus grande menace pour parvenir à un développement durable et que les pays riches et développés doivent contribuer à faciliter le développement durable. Cette responsabilité éthique des nations développées est au cœur d’un concept fondamental connu sous le nom de justice climatique.
En 2015, lors du Sommet des Nations Unies sur le développement durable à New York, les États membres des Nations Unies ont adopté le Programme de développement durable à l’horizon 2030, guidé par 17 objectifs de développement durable (ODD); voir la figure 5 ci-dessous. Conjointement avec la CCNUCC et d’autres conventions et accords, l’ONU a tenté de fournir une feuille de route pour un développement durable, faible en carbone et résilient dans un climat en évolution, en veillant à ce que les pays développés fournissent un soutien adéquat aux pays en développement et en veillant à ce que d’importants facteurs socio-économiques s’améliorent, en particulier pour les populations les plus pauvres du monde et pour les populations autochtones (CCNUCC 2019). Que signifie le développement durable pour les Premières Nations du Canada? Étant donné que les terres des Premières Nations subissent d’énormes pressions en ce qui a trait au développement, le concept de durabilité nécessite un examen attentif au sein de chaque communauté. Dans une économie faible en carbone, le développement durable ne signifie pas simplement un développement possédant quelques caractéristiques vertes. Le développement respectueux du climat nécessite que les projets intègrent les ODD et qu’ils possèdent un effet de serre net nul ou négatif.
Cependant, si les Premières Nations du Canada doivent s’engager dans une voie de développement résiliente au climat, un soutien est nécessaire pour renforcer les capacités et les outils de gouvernance permettant aux communautés d’évaluer et de réglementer correctement le développement sur leurs terres, y compris la capacité d’appliquer les normes d’émission de gaz à effet de serre. L’Accord-cadre est et deviendra un outil puissant dans le domaine de la gouvernance climatique.
Les pays de l’annexe 1 sont tenus par la CCNUCC de prendre des engagements de réduction des émissions (connus sous le nom de contributions déterminées au niveau national, ou CDN), de faire régulièrement rapport à la CCNUCC sur leurs politiques et mesures liées au climat et de soumettre des inventaires annuels des émissions de gaz à effet de serre. Les pays en développement sont également tenus de déclarer et de soumettre des inventaires, bien que cela soit subordonné à la mise à leur disposition d’un financement adéquat. Chaque année, les signataires de la CCNUCC se réunissent lors de la Conférence annuelle des Parties (COP) pour tenir des pourparlers liés au climat. Lors de la COP21 (c’est-à-dire le 21e rassemblement de la COP) à Paris, en 2016, les dirigeants mondiaux ont signé l’Accord de Paris.
L’objectif principal de l’Accord de Paris est d’engager les pays signataires à renforcer la réponse mondiale au changement climatique en limitant l’augmentation de la température mondiale à moins de 2° Celsius (C), et à prendre des engagements substantiels pour essayer de limiter le réchauffement à 1,5° C La différence entre le réchauffement de 1,5° et 2° C est substantielle et est abordées dans les paragraphes qui suivent.
Autres éléments clés de l’Accord de Paris :
- Reconnaissance du rôle important des peuples autochtones et du savoir traditionnel dans les politiques d’adaptation au climat
- Les pays développés doivent continuer à prendre l’initiative et à fournir des ressources financières pour aider les pays en développement
- Les pays développés doivent fournir 100 milliards de dollars de financement lié au climat aux pays en développement à partir de 2020
- Viser à atteindre le pic des émissions de gaz à effet de serre dès que possible et parvenir à une réduction rapide des émissions d’ici 2050
- Un examen des engagements nationaux tous les cinq ans (le premier devant être réalisé en 2023)
- Reconnaissance des besoins particuliers des pays vulnérables, y compris les petits états insulaires en développement
La différence entre 1,5° et 2° C en termes d’impacts projetés est importante. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’organisme créé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) pour évaluer la science liée au changement climatique, a publié un rapport très attendu en octobre 2018 qui résume plus de 6000 articles publiés par des climatologues du monde entier. Ce rapport (GIEC 2018) exhorte les pays à s’engager à limiter le réchauffement climatique à 1,5° C et présente les preuves scientifiques pour expliquer la différence entre 1,5° C et 2,0° C de la façon suivante :
- Une limite de 1,5 ° C de réchauffement climatique signifie moins de conditions météorologiques extrêmes dans les milieux de vie des gens
- D’ici 2100, l’élévation du niveau de la mer serait de 10 cm plus basse avec 1,5 ° C de réchauffement comparativement à 2 ° C. Cela signifie que 10 millions de personnes de moins seraient exposées à l’élévation du niveau de la mer
- Un réchauffement de 1,5 ° C a un impact moindre sur la biodiversité et l’extinction des espèces, avec un risque moindre pour les pêcheries et les moyens de subsistance des gens qui dépendent de ces ressources
- Il y aurait une réduction moindre des rendements des cultures avec une limite de réchauffement de 1,5 ° C
- La population mondiale exposée aux pénuries d’eau serait de 50% inférieure avec un réchauffement climatique de 1,5 ° par rapport à 2 ° C
- Plusieurs centaines de millions de personnes de moins seraient exposées aux risques liés au climat et seraient moins vulnérables à la pauvreté d’ici 2050 avec une limite de 1,5 ° C de réchauffement
Les modèles climatiques actuels prédisent que, sur la base d’un scénario de maintien des tendances actuelles en matière d’émissions et d’utilisation des terres, nous pourrions être confrontés à un réchauffement global de 4 ° Celsius ou plus d’ici 2100 (Vince 2019). Un tel changement de la température moyenne de la Terre aurait des effets en cascade et serait catastrophique pour pratiquement toutes les espèces vivant sur la planète (Banque mondiale, 2012). Les émissions de gaz à effet de serre doivent culminer d’ici 2020 et commencer une baisse immédiate, atteignant zéro net vers 2050. Selon le GIEC, au rythme actuel, nous atteindrons 1,5° C de réchauffement entre 2030 et 2052, mais le réchauffement continuera d’augmenter, éventuellement hors de contrôle, si les tendances des émissions ne diminuent pas.
Le changement climatique au Canada :
Le Canada représente environ 0,5 % de la population mondiale, mais est responsable annuellement d’environ 726 mégatonnes (Mt) d’émissions de gaz à effet de serre, soit environ 1,6 %, des émissions mondiales. Cela place le Canada parmi les 10 principaux émetteurs mondiaux à la fois en termes d’émissions totales et par habitant.
Les quatre plus grandes provinces émettrices au Canada sont l’Alberta, l’Ontario, le Québec et la Saskatchewan. L’Alberta et la Saskatchewan ont des émissions par habitant qui sont presque les plus élevées au monde, à 68 et 67 tonnes par personne et par an, respectivement. La Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec ont des émissions par habitant d’environ 10 à 14 tonnes par personne, ce qui correspond à certains pays d’Europe.
La différence entre les émissions provinciales est principalement attribuable à la démographie, à la situation économique et politique et à la répartition des ressources naturelles. Les provinces qui ont des objectifs de réduction des émissions pour 2020 et 2030 varient considérablement d’un bout à l’autre du Canada. Même si tous ces objectifs étaient atteints, les émissions totales canadiennes resteraient bien supérieures aux objectifs du Canada pour 2020 (622 Mt) et 2030 (525 Mt) (Boothe et Boudreault, 2016).
Il existe peu de données sur les émissions de GES des Premières Nations et des communautés autochtones au Canada, bien qu’il soit probable que la contribution de ces communautés aux GES soit très faible, à la fois en termes d’émissions totales et par habitant. Pour l’inventaire et la déclaration des émissions nationales de GES, le Canada compte sur la comptabilisation du stockage du carbone naturel liée à l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie (UTCATF). Quelle est la place des droits autochtones et des rôles de gouvernance dans ce portrait?
Des rapports commandés et réalisés par le gouvernement du Canada ont trouvé de nombreuses preuves de changements climatiques déjà en cours au Canada. Les vérificateurs généraux ont constaté que le Canada n’atteindra pas son objectif de réduction des émissions pour 2020 (17% de moins que les émissions de 2005) et que 7 provinces et territoires sur 12 n’avaient même pas d’objectif de réduction des émissions. Le rapport a également constaté que les gouvernements n’évaluent pas pleinement les risques du changement climatique, ne coordonnent pas leurs actions entre eux et ne rendent pas compte de leurs progrès de manière régulière et en temps opportun. L’objectif du Canada pour 2030 (30 % de moins que les émissions de 2005) ne peut être atteint sans coordination et des investissements importants à l’échelle du pays, bien au-delà de ce qui se fait actuellement (Bureau du vérificateur général du Canada, 2018; Lewis, 2019).
Le changement climatique devrait s’intensifier au Canada :
- Plusieurs domaines de risque majeurs ont été identifiés, notamment l’agriculture et l’alimentation, l’eau, la pêche, la foresterie, la dynamique géopolitique, la gouvernance, les capacités, la santé et le bien-être des humains, les infrastructures physiques, les communautés côtières, les communautés nordqiues et les modes de vie autochtones
- Le réchauffement au Canada se produit en moyenne au double du taux de réchauffement climatique
- Alors que les précipitations devraient augmenter dans la majeure partie du Canada, les précipitations estivales pourraient diminuer dans certaines régions, entraînant un risque accru de pénurie d’eau en été
- Le réchauffement devrait intensifier les événements météorologiques extrêmes
- Les inondations côtières devraient augmenter en raison de l’élévation du niveau de la mer et les régions de l’Arctique et de l’Atlantique connaîtront des conditions sans glace de mer plus longues et plus fréquentes (Bush et Lemmen, 2019; Conseil des académies canadiennes, 2019)
Le Cadre pancanadien du gouvernement fédéral sur la croissance propre et les changements climatiques (CPC) représente la contribution déterminée au niveau national (CDN) du Canada, ou son engagement envers les obligations énoncées dans la CCNUCC (gouvernement du Canada, 2019).
Le CPC établit le plan du Canada pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions, réaliser la croissance économique et accroître la résilience climatique au Canada. Parmi les piliers de ce cadre figure l’engagement du Canada « envers une nouvelle relation de nation à nation, entre gouvernements, et d’Inuits à État avec les Premières Nations, les nations Métis et les Inuits, en s’appuyant sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat, en conformité avec l’appui du Gouvernement du Canada à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones »(Gouvernement du Canada, 2019).
Le CPC établit un Centre canadien des services climatologiques, qui travaillera avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les peuples autochtones et d’autres pour appuyer la prise de décisions en matière d’adaptation. Il comprend des milliards de dollars pour la croissance économique à faible émission de carbone, le soutien aux infrastructures vertes, au transport en commun et aux technologies propres.
En l’absence de progrès significatifs sur le changement climatique, les droits et les intérêts autochtones seront encore plus menacés. Sans une participation importante dans l’élaboration, la conception et la mise en œuvre des politiques et stratégies climatiques, basée sur une mise en œuvre concrète de la CNUDPA, les peuples autochtones risquent de voir leurs droits et intérêts encore davantage compromis en raions du changement climatique.
Le Canada doit soutenir les Premières Nations dans une voie de développement résiliente au changement climatique qui s’harmonise avec les engagements internationaux existants, y compris la DNUDPA, et les objectifs de développement durable.
Section 4 – Le croisement des droits autochtones et de l’urgence climatique
« La reconnaissance des droits des peuples autochtones sur leurs territoires et leurs ressources est le moyen le plus efficace de sauvegarder la diversité biologique et de protéger l’intégrité écologique des écosystèmes essentiels. Les systèmes de connaissances écologiques et les stratégies de gestion des ressources des peuples autochtones jouent un rôle clé dans la mise en œuvre de stratégies et de politiques de conservation véritablement durables. » -Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones(IPNUQA, 2018).
Les écosystèmes et les cultures aurochtones sont interdépendants. Les peuples autochtones occupent et façonnent certains des paysages les plus diversifiés sur le plan écologique au Canada et dans le monde, par le biais de modes d’utilisation des ressources et de systèmes de gouvernance. Les peuples autochtones se sont adaptés à un climat changeant depuis des temps immémoriaux et ont dû faire face à des changements environnementaux rapides depuis que la colonisation et l’expansionnisme des économies capitalistes ont commencé à transformer les territoires autochtones.
Les peuples autochtones sont déjà parmi les personnes les plus marginalisées, vulnérables et appauvries du monde, et en raison de cette relation étroite et de cette interdépendance avec la nature, les changements rapides associés au changement climatique auront un impact sur l’utilisation, la protection et la gestion d’espèces et de territoires importants, affectant les relations culturelles, économiques et écologiques des peuples autochtones. Les peuples autochtones subiront sans aucun doute les conséquences de la catastrophe climatique, mais ils ont un accès minimal aux ressources pour faire face aux risques et aux impacts (Groupe de travail international pour les affaires autochtones, 2008). Un résumé des effets connus et présumés des changements climatiques sur les communautés autochtones du Canada est présenté ci-dessous (Conseil des académies canadiennes, 2019).
- Perte de possibilités et de connexion
Moins d’occasions de pratiquer des activités culturelles comme la chasse, la récolte, la pêche et la recherche de nourriture. Les fluctuations rapides et les changements imprévisibles de l’environnement entraînent une perte de connexion avec la terre.
Souveraineté alimentaire et risques écologiques
- Souveraineté alimentaire et risques écologiques
Accès réduit à la faune, modification des écosystèmes, modification des cycles de récolte, impacts sur les espèces importantes et les espèces en péril, impacts sur la qualité et la quantité de l’eau, la qualité de l’air, augmentation des espèces envahissantes, diminution des services écosystémiques critiques.
- Santé et bien-être et risques potentiels
Les changements climatiques liés à l’environnement affectent négativement la santé mentale et le bien-être, exacerbant le stress et les problèmes existants, comme la crise du suicide. Augmentation des risques liés aux conditions météorologiques extrêmes, aux catastrophes et aux activités traditionnelles (p.ex., la chasse sur la glace de mer ou conditions météorologiques extrêmes imprévisibles).
- Fiabilité du savoir traditionnel
Les changements des écosystèmes se produisent si rapidement que les peuples autochtones ont plus de mal à prévoir les processus naturels. Les aînés signalent qu’en une génération, le changement climatique a rendu l’environnement imprévisible, ce qui a réduit la fiabilité des connaissances traditionnelles.
- L’économie, l’habitation et l’infrastructure
Besoin de bâtiments bien construits, éconergétiques et résistants au climat. Les services (eau, égouts, gaz, électricité, déchets solides et eaux usées, sécurité et application des lois) seront mis à rude épreuve. Le transport, la connectivité et l’accessibilité subiront des pressions, en particulier dans les communautés éloignées. Les impacts sur le développement des ressources, le tourisme, la production et la consommation d’énergie entraineront des répercussions économiques.
- Impact culturel
Les changements climatiques affectent l’intégrité et la cohésion sociale des cultures et des économies autochtones. Les langues autochtones, les activités traditionnelles, le transfert de connaissances intergénérationnel, les sites sacrés et patrimoniaux sont tous menacés.
Aires protégées et conservées par les Autochtones :
La protection de la nature est vitale en réponse à la crise climatique. Conjointement à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à zéro net d’ici 2050, la conservation de la nature et la préservation des écosystèmes essentiels (p.ex., le stockage du carbone, la production alimentaire, la qualité de l’habitat, la purification de l’air et de l’eau, etc.) font partie intégrante de la réponse mondiale au changement climatique.
Les Objectifs d’Aichi pour la biodiversité, établis par le biais de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CNUDB), exigent des pays, dont le Canada, de conserver 17 % des eaux terrestres et intérieures et 10 % des zones côtières et marines d’ici 2020 (Convention sur la diversité biologique, 2019). D’éminents scientifiques de la conservation lancent des appels pour un « Pacte mondial pour la nature » (PMN) afin de maintenir et restaurer au moins 50 % de la Terre en tant qu’écosystèmes naturels intacts d’ici 2050 (Science Advances, 2019).
L’IPNUQA a reconnu que les stratégies de conservation peuvent en fait mettre davantage en péril les droits et les intérêts des Autochtones, et peuvent contribuer à accroître le harcèlement et la criminalisation des peuples autochtones lorsqu’ils défendent leurs territoires ou exercent leurs droits sur les terres et les ressources (IPNUQA, 2018). Cependant, lorsque la conservation est dirigée par les peuples autochtones, elle peut produire de multiples résultats positifs, notamment une résilience accrue au climat et la promotion et la protection des droits autochtones.
Des exemples d’initiatives réussies comprennent la conservation dirigée par les autochtones au Costa Rica, la reconnaissance des droits de la rivière Whanganui en Nouvelle-Zélande, et la conservation dirigée par les autochtones au Canada, y compris la réserve de parc national de Gwaii Haanas sur Haida Gwaii, la forêt pluviale de Great Bear et les parcs tribaux de la Première Nation Tla-o-qui-aht sur l’île de Vancouver.
Avantages de la conservation dirigée par les Autochtones (Sobrevila, 2008; Ice, 2018)
- Préservation des connaissances ancestrales
- Lutte contre le changement climatique
- Ateinte des objectoifs nationaux et conformité internationale
- Reconnaissance et exercice des compétences autochtones
- Restauration, réconciliation et guérison
La recherche démontre que les initiatives de conservation dirigées par les Autochtones sont plus efficaces que les projets voisins comme les parcs ou d’autres aires de gestion pour la conservation des espèces et des écosystèmes essentiels, car elles sont plus durables et rentables, et qu’elles favorisent la participation, la coopération et la co-gouvernance en plus de favoriser la revitalisation culturelle et la réconciliation (Sobrevila, 2008).
Les communautés autochtones possèdent une connaissance intime des systèmes écologiques qui est intégrée dans les ordres de gouvernance qui maintiennent ces écosystèmes. Les philosophies locales contribuent à assurer et à renforcer l’interdépendance de l’humanité et de la nature.
Malgré la reconnaissance de l’importance du savoir traditionnel et les impacts du changement climatique sur le savoir traditionnel et l’efficacité des pouvoirs autochtones en matière de conservation et de maintien des écosystèmes essentiels, les peuples autochtones ne sont pas reconnus et sont oubliés lors de l’élaboration et de la conception de stratégies liées au changement climatique (Groupe de travail international sur les affaires autochtones, 2008).
La participation des peuples autochtones à la création de nouvelles économies et de nouveaux systèmes de gouvernance est nécessaire dans la réponse au changement climatique. Les accords conclus dans le cadre de la CCNUCC devraient être conclus conformément à la DNUDPA et au principe du consentement libre, préalable et éclairé (CLPE).
Le Canada doit montrer l’exemple en veillant à ce que les peuples autochtones participent pleinement et efficacement à l’élaboration, la conception et la mise en œuvre des stratégies sur les changements climatiques.
Les communautés autochtones du Canada sont déjà confrontées à un énorme déficit de capacité. L’ACGTPN a réussi à renforcer les capacités de gouvernance et de gestion autochtones sur les terres et les ressources des réserves. Pourtant, des lacunes persistantes en matière de capacité demeurent dans les domaines de la gouvernance, la planification, la protection de l’environnement, l’élaboration des lois, la conformité et l’application des lois, la gestion des problèmes hérités de la Loi sur les Indiens, et plus encore, et elles s’intensifieront en raison des changements climatiques. La réponse au changement climatique doit inclure du financement adéquat et continu, de la formation, du soutien et du leadership.
Section 5 – Réponse des communautés à la crise climatique
Les Premières Nations signataires voient les avantages de l’ACGTPN comme outil de gouvernance efficace dans la réponse aux changements climatiques. En plus de la reconnaissance de pouvoirs de gouvernance, l’AC offre aux communautés un moyen unique et bien établi de se soustraire à de nombreuses dispositions de la Loi sur les Indiens et d’exercer leur propres pouvoirs sur leurs terres et leurs ressources, avec le soutien du CCT et du CRGTPN dans de nombreux domaines de gouvernance, incluant les enjeux liés au changement climatique.
Fondé sur les principes de participation communautaire, de responsabilité et de transparence, l’ACGTPN donne aux communautés des outils de gouvernance essentiels au développement durable à une époque de perturbation climatique :
Plans, lois et stratégies :
- Planification tenant compte du climat
- Planification communautaire globale
- Planification de l’utilisation des terres
- Planification de la gestion de l’environnement
- Lois sur l’évaluation et la protection de l’environnement
- Stratégies d’action climatique, stratégies d’intendance, plans de conservation
- Lois de protection contre les inondations
- Normes et procédures de développement
Normes environnementales :
- Établir des normes environnementales qui respectent ou dépassent les exigences réglementaires fédérales et provinciales,
- Permettre une application concrète des lois et de sanctions importantes contre les infractions environnementales graves
Pouvoir d’investir :
- Pouvoir d’investir dans de nouvelles possibilités économiques à faible émission de carbone sans l’approbation du Canada
- Énergies renouvelables
- Options de logements à consommation zéro ou passive
- Bâtiments écoénergétiques
Pouvoir de dépenser :
- Pouvoir d’attribuer des revebus autonomes vers des projets d’immobilisation sans l’approbation du Canada
- Initiatives d’adaptation au changement climatique (p.ex., modernisation des infrastructures, projets d’atténuation des inondations, prévention des incendies de forêt, restauration écologique, etc.)
Partenariats et collaborations:
- Pouvoir de conclure des partenariats et des ententes (p.ex., universités, administrations locales, entreprises privées) pour répondre aux préoccupations climatiques particulières de la communauté
- Capacité retrouvée de fonctionner comme une autorité dirigeante, contrôle des leviers permettant de relever les défis et detirer parti des occasions qui se présentent
Souplesse :
- Aucune approche unique, chaque communauté peut répondre aux problèmes qui surviennent selon ses besoins
- Souplesse permettant d’examiner les enjeux à l’aide de deux perspectives, en utilisant le meilleur du savoir autochtone et de la science occidentale dans la planification, la gouvernance et la prise de décision
Les Premières nations continuent de tracer la voie en matière de résilience et d’adaptation au changement climatique. À l’aide des outils de l’ACGTPN, les communautés suivantes fournissent un bref aperçu des projets entrepris par les Premières Nations en réponse au changement climatique.
Première Nation Magnetawan
« Intégration du savoir écologique traditionnel autochtone et de la science occidentale pour surveiller les changements climatiques »
Un projet mené par la communauté incarne le principe des deux perspectives en associant les connaissances des aînés à la science moderne. Grâce à du financement versé par Services aux Autochtones Canada (SAC), un partenariat a été formé entre la Première Nation Magnetawan, l’Université McMaster, l’Université Laurentienne, Boreal Water Futures et l’Anishinabek/Ontario Fisheries Resource Centre pour acquérir davantage de connaissances sur l’impact du changement climatique sur des terres importantes pour les autochtones ou des espèces en péril. Le projet impliquera des aînés et des jeunes (Mosna, 2018).
Première Nation George Gordon
« Observatoire du climat »
À l’aide de financement versé par SAC, la Première Nation George Gordon a construit au cours de l’hiver 2018 une station météorologique qui informera la communauté en temps réel au sujet des changements environnementaux survenus sur son territoire. Des données seront collectées à partir de la station météorologique pour entreprendre et soutenir une stratégie de conservation communautaire (RCAANC / SAC 2019).
Première Nation Katzie
« Programme de surveillance hydrologique à long terme pour mesurer les impacts du changement climatique »
La Première Nation Katzie élaborera un programme de surveillance hydrologique à long terme pour étudier les changements dans la qualité et la quantité de l’eau, la distribution et la reproduction des plantes, des poissons, des amphibiens et des oiseaux et leur lien avec le changement climatique (ibid).
Nation Tsleil-Waututh
« Plan d’utilisation des terres »
La Nation Tsleil Waututh a récemment terminé et adopté son plan d’utilisation des terres dans le contexte de son code foncier. Le PUT fait référence à la politique d’intendance foncière de la NTW, une affirmation territoriale des droits et titres ancestraux de la NTW qui a guidé l’évaluation environnementale indépendante menée par la NTW relativement au projet d’expansion du pipeline Trans Mountain. Le PUT contient également une section sur le changement climatique et engage la NTW à poursuivre la planification afin d’atténuer les impacts du changement climatique et de tenir compte des vulnérabilités des terres de la réserve de la NTW dans ce contexte. Le PUT fixe des objectifs et met en place des jalons et des indicateurs mesurables de succès afin de réduire les contributions de la NTW au changement climatique, de sensibiliser les membres de la NTW au changement climatique, et d’effectuer une surveillance continue des impacts climatiques et des mesures et interventions de la NTW.
Première Nation de Henvey Inlet
« Parc éolien »
La Première Nation de Henvey Inlet (PNHI) s’est associée à Pattern Canada pour développer conjointement un projet éolien de 300 mégawatts, le plus important du genre en Ontario et le plus important partenariat éolien des Premières Nations au Canada. Le projet a créé plus de 1000 emplois sur le site pendant la construction, 20 emplois permanents pour l’exploitation et l’entretien, produit annuellement suffisamment d’électricité pour alimenter plus de 100 000 foyers et fournit des revenus annuels stables pour la PNHI (Henvey Inlet 2019).
Ce ne sont là que quelques exemples de ce que font les communautés signataires de l’AC pour répondre aux défis et se préparer au changement climatique. Alors que de plus en plus de communautés décident de se soustraire aux dispositions de la Loi sur les Indiens pour suivre la voie de l’autonomie gouvernementale, elles commencent à réfléchir aux enjeux liés aux changements climatiques afin de faire face aux impacts associés aux perturbations climatiques à venir et de saisir les occasions de prendre les mesures appropriées dans un esprit de résilience climatique et de réconciliation.
Section 6 – Sources
- Boothe, P., et Boudreault, F. (2016). By the Numbers: Canadian GHG Emissions. Lawrence National Centre for Policy and Management: Ivey Business School at Western University. Accessible en ligne à : https://www.ivey.uwo.ca/cmsmedia/2112500/4462-ghg-emissions-report-v03f.pdf
- Bush, E. et Lemmen, D.S., editeurs (2019). Rapport sur le climat changeant du canada; Gouvernement du Canada, Ottawa, ON. 444p.
- CDP (2017). Carbon Majors Database: CDP Carbon Majors Report 2017. Accessible en ligne à : https://6fefcbb86e61af1b2fc4-c70d8ead6ced550b4d987d7c03fcdd1d.ssl.cf3.rackcdn.com/cms/reports/documents/000/002/327/original/Carbon-Majors-Report-2017.pdf?1501833772
- RCAANC/SAC (2019). Programme de surveillance du climat dans les collectivités autochtones : Liste des projets financés durant l’exercice de 2018 à 2019. Accessible en ligne à : https://www.aadnc-aandc.gc.ca/fra/1546537342810/1546537435429#bc
- Convention sur la diversité biologique (2019). Objectifs d’Aichi pour la biodiversité. Accessible en ligne à : https://www.cbd.int/sp/targets/
- Conseil des académies canadienne (2019). Les principaux risques des changements climatiques pour le Canada. Ottawa, ON : TLe comité d’experts pour les risqies posés par les changements climatiques et les possibilités d’adaptation, Conseil des académies canadiennes.
- Gouvernement du Canada (2019). Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Accessible en ligne à : https://www.canada.ca/en/services/environment/weather/climatechange/pan-canadian-framework.html
- Henvey Inlet (2019). The Henvey Inlet Wind Project. Accessible en ligne à : https://henveyinletwind.com/
- Indigenous Circle of Experts (ICE) (2018). We Rise Together: Achieving Pathway to Canada Target 1 through the creation of Indigenous Protected and Conserved Areas in the spirit and practice of reconciliation. Accessible en ligne à : https://www.iccaconsortium.org/wp-content/uploads/2018/03/PA234-ICE_Report_2018_Mar_22_web.pdf
- Groupe de travail international pour les affaires indigènes (2008). Rapport de réunion de la Conférence sur les peuples autochtones et le changement climatique tenue à Copenhague, 21-22 février, 2008. Accessible en ligne à : https://www.un.org/development/desa/indigenouspeoples/climate-change.html
- GIEC (2018). Résumé à l’intention des décideurs : Réchauffement planétaire de 1,5° C. Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées d’émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté [Masson-Delmotte, V., P. Zhai, H.-O. Pörtner, D. Roberts, J. Skea, P.R. Shukla, A. Pirani, W. Moufouma-Okia, C. Péan, R. Pidcock, S. Connors, J.B.R. Matthews, Y. Chen, X. Zhou, M.I. Gomis, E. Lonnoy, T. Maycock, M. Tignor, and T. Waterfield (eds.)].
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- Mosna, K (2018). Magnetawan FN will look at climate change through tradition and science. Published in MyParrySoundsNow. Accessible en ligne à : https://www.myparrysoundnow.com/37748/magnetawan-fn-will-look-at-climate-change-through-tradition-and-science/
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- National Oceanic and Atmospheric Administration (2019). Climate Models. Accessible en ligne à : https://www.climate.gov/maps-data/primer/climate-models
- Bureau du vérificateur général du Canada (2018). Perspectives sur l’action contre les changements climatiques au Canada – Rapport collaboratif de vérificateurs généraux, Mars 2018. Accessible en ligne à : http://www.oag-bvg.gc.ca/internet/Francais/parl_otp_201803_f_42883.html
- Science Advances (2019). A Global Deal for Nature: Guiding Principles, Milestones, and Targets [RESOLVE, Washington, DC, USA; National Geographic Society, Washington, DC, USA; University of Minnesota, Minneapolis, MN, USA; George Mason University, Fairfax, VA, USA; University of California, Santa Barbara, Santa Barbara, CA, USA; Zoological Society of London, London, UK; Arizona State University, Tempe, AZ, USA; UN Environment World Conservation Monitoring Centre, Cambridge, UK; Leonardo DiCaprio Foundation, Los Angeles, CA, USA; Florida Institute for Conservation Science, Chuluota, FL, USA; State Key Laboratory of Genetic Resources and Evolution, Kunming Institute of Zoology, Chinese Academy of Sciences, Kunming 650223, China; Woods Hole Research Center, Woods Hole, MA, USA; Google, Mountain View, CA, USA; Colorado State University, Fort Collins, CO, USA; Microsoft, Redmond, WA, USA; Environmental Foundation Ltd., Colombo, Sri Lanka]
- Sobrevila, C. (2008). The Role of Indigenous Peoples in Biodiversity Conservation: The Natural but Often Forgotten Partners. The International Bank for Reconstruction and Development. Accessible en ligne à : https://siteresources.worldbank.org/INTBIODIVERSITY/Resources/RoleofIndigenousPeoplesinBiodiversityConservation.pdf
- Programme des Nations Unies pour le développement (2019). Objectifs de développement durable. Accessible en ligne à : https://www.undp.org/content/undp/fr/home/sustainable-development-goals.html
- UNESCO – United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (2011). Climate Change Starter’s Guidebook: An Issues Guide for Education Planners and Practitioners. Accessible en ligne à : https://unesdoc.unesco.org/in/documentViewer.xhtml?v=2.1.196&id=p::usmarcdef_0000211136&file=/in/rest/annotationSVC/DownloadWatermarkedAttachment/attach_import_4bc9d46a-3879-46b5-87f3-57edeb0e3e1e%3F_%3D211136eng.pdf&locale=en&multi=true&ark=/ark:/48223/pf0000211136/PDF/211136eng.pdf#%5B%7B%22num%22%3A811%2C%22gen%22%3A0%7D%2C%7B%22name%22%3A%22XYZ%22%7D%2C35%2C881%2Cnull%5D
- PNUE (2018). Rapport 2018 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. Accessible en ligne à : https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/26879/EGR2018_ESEN.pdf?sequence=10
- CCNUCC (2019). Qu’est-ce que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques? Accessible en ligne à : https://unfccc.int/process-and-meetings/the-convention/what-is-the-united-nations-framework-convention-on-climate-change
- CCNUCC (2019). Atteindre les objectifs du développement durable gr¸ace à l’action climatique. Accessible en ligne à : https://unfccc.int/topics/action-on-climate-and-sdgs
- IPNUQA(2019). Rapport de la dix-huitième session de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones s. Accessible en ligne à : https://www.un.org/development/desa/indigenouspeoples/wp-content/uploads/sites/19/2019/06/English.pdf
- Vince, Gaia (2019. The heat is on over the climate crisis. Only radical measures will work. Publié en ligne dans The Guardian
- Newspaper: https://www.theguardian.com/environment/2019/may/18/climate-crisis-heat-is-on-global-heating-four-degrees-2100-change-way-we-live
- Wallace-Wells, D (2019). The Uninhabitable Earth: Life After Warming. Penguin Random House LLC. New York.
- World Bank (2012). Turn Down the Heat: Why a 4°C Warmer World Must be Avoided. Published by the Potsdam Institute for Climate Impact Research and Climate Analytics. Accessible en ligne à : https://www.researchgate.net/publication/236606099_Turn_Down_the_Heat_Why_a_4C_Warmer_World_Must_be_Avoided
Section 7 – Ressources supplémentaires d’apprentissage
Climate Change Starters Guidebook: An Issues Guide for Education Planners and Practitioners
Publié par le PNUE, l’UNESCO, l’OMS et d’autres. Un excellent outil éducatif sur le changement climatique, la science du climat, l’adaptation et l’atténuation
NASA – Climate
Présente des informations à jour, des nouvelles et des indicateurs liés au changement climatique.
Pacific Climate Institute Climate Insights
Brefs courts gratuits sur le changement climatique.
Atlas climatique du Canada
Comprend des informations spécifiques au Canada sur les changements climatiques, y compris des projections des changements climatiques, des cartes à haute résolution et des données locales téléchargeables.
Indigenous Climate Action Network
Organisation sans but lucratif basée au Canada dirigée par des autochtones et axée sur la justice climatique.
Trousse de la Fédération canadienne des municipalités
Trousse pour le développement communautaire conjoint Premières Nations-municipalités
Politique de l’Institut canadien des urbanistes sur le changement climatique
L’Institut canadien des urbanistes (ICU) a élaboré une politique sur les changements climatiques pour ses membres afin de mieux définir le rôle des urbanistes pour relever le défi complexe des changements climatiques et bâtir des communautés résilientes.
Understanding Climate Science Denial
Bref cour sur la compréhension du climatsceptisisme.
Climate Change and First Nations: Recommendations for Action
Rapport préparé par le Centre for Indigenous Environmental Resources pour l’Assemblée des Premières Nations, 2006.
Section 8 – Glossaire, définitions et concepts de base
Acidification des océans
Puisque davantage de dioxyde de carbone est libéré dans l’atmosphère, une plus grande quantité est absorbé par les océans. Cela se traduit par une baisse du pH de l’océan, ce qui rend les eaux océaniques plus acides, et constitue une grave menace pour les réseaux trophiques marins, la productivité des écosystèmes, les pêches et la production alimentaire mondiale.
Adaptation au climat
L’adaptation au climat est réactive et fait référence à la lutte contre les effets du changement climatique, comme l’introduction de cultures résistantes à la sécheresse, la conception de bâtiments résistants aux conditions météorologiques extrêmes, la construction d’infrastructures liées aux inondations comme les digues, la conservation et la restauration des services écosystémiques.
Atténuation du changement climatique
L’atténuation du changement climatique est proactive et fait référence à la prévention du changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Cela peut se faire en utilisant des sources d’énergie faibles en carbone ou sans carbone, en augmentant l’efficacité énergétique et les économies d’énergie, en utilisant la capture et le stockage du carbone, en étendant les puits de carbone et enfaisant la promotion d’un mode de vie et des choix de consommation à faible teneur en carbone.
Chaleur extrême et vagues de chaleur
Cela se produit lorsque des températures élevées et une humidité élevée se prolongent pendant plusieurs jours. Le nombre prévu de jours de chaleur extrême devrait doubler au Canada au cours des 30 prochaines années. La chaleur extrême est dangereuse pour la santé humaine, et les populations vulnérables comprennent les personnes âgées, les jeunes enfants, les personnes atteintes de maladies chroniques, les personnes qui travaillent et font de l’exercice en période de chaleur, les sans-abri et les personnes à faible revenu. Les vagues de chaleur peuvent également endommager l’agriculture, les écosystèmes, la faune, la pêche et les activités économiques.
Climat
Le climat fait référence aux aspects statistiques des conditions météorologiques au fil du temps (allant de plusieurs mois à plusieurs décennies ou plus), et comprend les conditions moyennes et l’amplitude de la variabilité, ainsi que la fréquence des événements extrêmes (voir aussi « météo »).
Conditions météorologiques extrêmes
Cela comprend les conditions météorologiques inattendues, inhabituelles, imprévisibles, graves ou non saisonnières, au-delà de la plage historique des événements météorologiques dans une région donnée, qui sont liées au changement climatique. Les conditions météorologiques extrêmes comprennent les vagues de chaleur extrêmes, les vagues de froid, les ouragans, les cyclones et les tornades.
Conférence des parties (COP)
Désigne un organe directeur d’une convention des Nations Unies, comme la CCNUCC, la CNUBD ou la CNULD.
Contributions déterminées au niveau national (CDN)
Les CDN décrivent un objectif de réduction des émissions des pays, tel que prescrit par la CCNUCC.
Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
Elle a été signée par les dirigeants mondiaux lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, et est entrée en vigueur en 1994. Le principal objectif de la CCNUCC est de fournir un cadre pour empêcher les dangereuses interférences de l’humanité avec les systèmes climatiques de la Terre. La Conférence des Parties (COP) à la CCNUCC se réunit chaque année pour négocier et prendre des engagements sur le changement climatique.
Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CNUDB)
Elle a été signée par les dirigeants mondiaux lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992 et est entrée en vigueur en 1993. La CNUDB a trois objectifs : promouvoir la conservation de la diversité biologique, promouvoir l’utilisation durable des composants de la diversité biologique et promouvoir le partage juste et équitable des avantages découlant des ressources génétiques.
Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULD)
Adoptée par les dirigeants mondiaux en 1994 et entrée en vigueur en 1996, cette convention vise à lutter contre la désertification et à atténuer les effets de la sécheresse grâce à des programmes d’action nationaux.
Désertification
Un type de dégradation des terres qui se produit lorsque la terre sèche devient un désert, en raison de la surexploitation des ressources du sol par les humains, et en raison du réchauffement climatique qui augmente les températures et diminue les précipitations dans certaines régions.
Effet de serre
Le piégeage de la chaleur du soleil dans la basse atmosphère. À mesure que davantage d’émissions de gaz à effet de serre sont libérées par l’activité humaine (p.ex., la combustion de combustibles fossiles), la composition de l’atmosphère change, entraînant le piégeage de plus de chaleur et entraînant une augmentation de la température moyenne mondiale de surface (TMM).
Élévation du niveau de la mer
La montée des mers est causée par l’expansion thermique des eaux plus chaudes en raison du réchauffement climatique et de la fonte des calottes glaciaires terrestres et des glaciers. Les données et les mesures par satellite indiquent que l’élévation du niveau de la mer se produit à environ 30 cm par siècle et pourrait augmenter de 1 à 3 mètres d’ici 2100 selon la réponse de l’humanité au changement climatique.
Groupe d’experts international sur l’évolution du climat (GEIC)
Créé en 1988 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement et l’Organisation météorologique mondiale, puis subséquemment approuvé par l’Assemblée générale des Nations Unies, le GIEC constitue une autorité scientifique internationalement reconnue sur le changement climatique. Le GIEC ne mène pas de recherche sur le climat et il ne surveille les impacts du changement climatique. Il évalue plutôt les documents et articles qui sont publiés et fournit des rapportssommaires à la CCNUCC qui doivent être approuvés, ligne par ligne, par les pays participants.
Instabilité de la calotte glaciaire
Cela décrit la possibilité que les calottes glaciaires se déstabilisent rapidement de façon fulgurante en raison du réchauffement climatique, en reliant le changement climatique à une élévation rapide du niveau de la mer.
Justice climatique
Élargit le cadre du changement climatique au-delà de la simple question environnementale pour inclure des aspects comme l’éthique, la justice, l’égalité, les droits de la personne et les droits collectifs. Un principe fondamental de la justice climatique est que ceux qui sont les moins responsables du changement climatique en subiront probablement les conséquences les plus graves. Ceux qui sont responsables du changement climatique ont une responsabilité éthique de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le changement climatique, l’adaptation au changement climatique et le renforcement de la résilience climatique.
Météo
La météo désigne les activités quotidiennes telles que la température, les précipitations et les vents. La météo est ce que nous ressentons lorsque nous sortons à l’extérieuyr (voir aussi « climat »).
Néoliberalisme
L’idée que la société devrait être façonnée par le libre marché et que l’économie devrait être privatisée, que ce qui fonctionne dans le secteur privé devrait fonctionner dans le secteur public, et que le secteur public devrait suivre les règles du secteur privé et subventionner le secteur privé. Cette philosophie a atteint sa hauteur dans les années 1970. Le libéralisme est essentiellement l’idée que les gens devraient être libres de vivre leur vie sans beaucoup d’ingérence de la part du gouvernement, et que nous devrions tous être traités également aux yeux de la loi. Le néolibéralisme est une nouvelle approche du libéralisme classique qui profite aux intérêts des grandes entreprises. Dans le cadre des politiques néolibérales, le libre marché estompe tout lien avec les principes démocratiques, profitant aux puissants intérêts capitalistes des entreprises contre les individus. Les sociétés privées commencent à s’imposer dans le secteur public.
Objectifs d’Aichi pour la biodiversité
Élaborés lors de la dixième réunion de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CNUDB) tenue à Aichi, au Japon, les Objectifs d’Aichi définissent 20 cibles classées en 5 objectifs stratégiques que les signataires de la CNUDB acceptent de promouvoir, notamment : les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, la réduction de la pression directe sur la biodiversité et la promotion de l’utilisation durable des ressources, l’amélioration de l’état de la biodiversité, l’amélioration des avantages procurés par la biodiversité et les services écosystémiques et l’amélioration de la mise en œuvre grâce à une planification participative. En particulier, l’objectif 11 indique que d’ici 2020, les signataires protégeront 17% des eaux terrestres et intérieures et 10% des zones marines côtières à forte biodiversité et services écosystémiques.
Points de basculement et boucles de rétroaction positive
Les points de basculement désignent des seuils dans le système climatique de la Terre qui, une fois franchis, ne peuvent pas être inversés, et conduisent souvent à des boucles de rétroaction positives. Un exemple est la fonte du pergélisol dans l’Arctique. À mesure que le pergélisol fond en raison de la hausse des températures, le méthane et les autres gaz à effet de serre stockés dans le pergélisol sont libérés, ce qui entraîne un réchauffement supplémentaire.
Programme de développement durable à l’horizon 2030
Programme mondial pour le développement durable comprenant 17 objectifs de développement durable (ODD), y compris l’action pour le climat, la réduction de la pauvreté, la promotion des droits des femmes, l’éducation, l’eau potable, et plus encore. Les ODD établissent le programme mondial de développement durable jusqu’en 2030, remplaçant les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont le cadre a expiré en 2015.
Puits de carbone
Un réservoir qui absorbe et stocke le dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre, comme une forêt, les écosystèmes des prairies, l’océan ou des technologies artificielles comme la capture et la séquestration du carbone.
Risque climatique
Conséquences néfastes éventuelles d’un risque d’origine climatique sur des systèmes humains ou naturels, dues à la nature du risque considéré, ainsi qu’à la vulnérabilité et au degré d’exposition du système concerné. La probabilité d’exposition à un risque et l’ampleur de ses effets sont des éléments constitutifs du risque. Par risque, on entend également les conséquences néfastes éventuelles des mesures d’adaptation ou d’atténuation prises pour faire face au changement climatique
Services écosystémiques (SE)
Les services que les humains tirent des systèmes écologiques naturels. En règle générale, ceux-ci sont classés en services de soutien (par exemple, cycle des nutriments, formation des sols), services d’approvisionnement (p.ex., production alimentaire, médicaments naturels, énergie et matières premières), services de réglementation (p.ex., régulation du climat, purification de l’eau et de l’air, prédation, lutte contre les ravageurs et les maladies) ) et les services culturels (p.ex., usages culturels et spirituels, loisirs, science et éducation et thérapie). Le concept de SE est utilisé comme un outil de cartographie et d’évaluation pour élever la valeur de la nature et des infrastructures naturelles, qui est généralement externalisée et non prise en compte dans la comptabilité économique moderne.
Source de carbone
Tout processus ou activité, naturelle ou humaine, qui libère un gaz à effet de serre dans l’atmosphère, par exemple volcans, incendies de forêt, combustion de sources d’énergie fossiles.
Température moyenne mondiale (TMM)
Estimation de la moyenne mondiale de la température de l’air près de la surface au-dessus des terres, de la glace de mer et de la surface de la mer.
Tendance climatique
Un changement progressif de l’état du climat basé sur des statistiques météorologiques évaluées sur de longues périodes, généralement 30 ans.
Trajectoires de concentration représentatives (TCR)
Les VCR représentent différents scénarios pour les trajectoires d’émissions mondiales de gaz à effet de serre adoptées par le GIEC pour guider les modèles climatiques. Les trajectoires sont utilisées pour déterminer la concentration probable de GES dans l’atmosphère en fonction de facteurs socio-économiques. Différents scénarios de VCR prédisent le pic des émissions de GES à différents moments, ce qui aide les modèles climatiques à prévoir le taux et la gravité des changements climatiques.
Trajectoires de développement favorisant la résilience face aux changements climatiques (TDRCC) Trajectoires qui consolident le développement durable à diverses échelles et amplifient la lutte contre la pauvreté grâce à des transitions et des transformations équitables de la société et des systèmes, tout en réduisant la menace que représente le changement climatique grâce à la mise en place de mesures ambitieuses d’atténuation et d’adaptation et au renforcement de la résilience face au changement climatique.
Section 9 – Le changement climatique et le CRCCT
Powerpoint (ajouter un lien)